Après des mois d’entraînement intensif et une détermination sans faille, Xavier Anfrye, collaborateur de DB Schenker à Évreux, a relevé avec brio le défi du Trail de Bourbon. Voici, à travers ses mots, son retour sur cette expérience hors du commun : 100 km, 6 000 mètres de dénivelé positif et des paysages à couper le souffle.

Comment as-tu vécu le moment du départ ?

Xavier Anfrye : Le départ était un mélange d’excitation et de stress. Arriver à Cilaos, c’est déjà une aventure en soi : 400 virages sur une route de montagne, dans un brouillard épais. J’étais dans la deuxième vague, dix minutes après la première, mais j’ai rapidement rattrapé les premiers coureurs dès les cinq premiers kilomètres.

C’était un moment fort, avec ma femme postée à 100 mètres du départ pour m’encourager. Se présenter sur la ligne est une victoire en soi, car obtenir un dossard pour cette course est déjà un défi. Je ressentais une immense gratitude et l’envie d’en découdre après des mois de préparation et de sacrifices.

Raconte-nous ton Trail de Bourbon

XA : Le départ s’est fait sous un temps humide, mais heureusement il ne faisait pas froid. Rapidement, j’ai réussi à rattraper la première vague de coureurs, lancée dix minutes avant nous. Après environ 7 kilomètres, la première grande ascension a commencé : le col du Taïbit. C’est à cet endroit que nos chemins ont croisé ceux des participants de la Diagonale des Fous. Leur état m’a surpris. Beaucoup paraissaient déjà exténués après 75 kilomètres de course, alors qu’ils n’avaient franchi que la partie la moins difficile de leur parcours. Cela m’a donné une certaine appréhension pour la suite.

Arrivé au premier pointage, après une douzaine de kilomètres, je ne me suis pas arrêté. J’ai juste demandé mon classement : passé de la 800e à la 370e place, j’étais ravi. Je me suis contenté de remplir ma gourde avant de repartir. Les ascensions se sont poursuivies, et les températures ont chuté à mesure que je progressais. Au pointage suivant, à Marla, la végétation était gelée. J’ai dû m’arrêter pour enfiler une tenue plus chaude, avec gants et bonnet. 

À 5 h 30, le jour s’est levé alors que je traversais le cirque de Mafate. Les paysages étaient à couper le souffle. C’était un moment magique, mais l’euphorie a vite laissé place à l’effort : une ascension de 2000 mètres m’attendait, sous un soleil de plomb. Le col du Maïdo, au sommet, a été un véritable défi, mais l’accueil incroyable des supporters, semblable à celui d’une étape du Tour de France, m’a donné des frissons et même tiré quelques larmes. 

Ma femme m’attendait là, avec un stand de ravitaillement parfaitement organisé. Après une pause bien méritée de 45 minutes, je suis reparti, bien que je sois descendu au classement. La suite de la course comprenait 17 kilomètres de descente monotone sur du bitume, suivis de chemins rocheux et de rivières à traverser. Ces portions, réputées pour leur difficulté, ont vu de nombreux abandons. 

À Grande Chaloupe, j’ai cru que le pire était derrière moi, mais non : les 7 kilomètres du chemin des Anglais, avec leurs pavés irréguliers en montée, ont mis mes jambes et mon mental à rude épreuve. La nuit était tombée, et il fallait tenir. 

L’arrivée au Colorado était glissante et boueuse à cause des pluies récentes. Mal aux genoux, j’ai ralenti sur les deux dernières montées et perdu quelques places. Mais lorsque j’ai franchi la ligne main dans la main avec ma femme, tout cela a disparu. C’était une vague d’émotions indescriptibles, mélangeant fierté, soulagement et bonheur. Une aventure humaine et sportive que je ne suis pas près d’oublier.

Quels ont été les moments les plus forts de ta course ?

XA : Chaque étape du parcours offrait des émotions uniques, mais le col du Maïdo restera gravé dans ma mémoire. L’ascension de 2 000 mètres m’a semblé interminable, mais l’ambiance au sommet, avec les supporters en folie, était incroyable. Un moment d’une intensité rare, comme au Tour de France.

Un autre souvenir marquant de la course a été l’aide que j’ai apportée à une coureuse de 69 ans, qui participait elle aussi à la Diagonale des Fous. En la croisant, j’ai remarqué qu’elle semblait en difficulté. Quand elle est tombée, j’ai immédiatement fait demi-tour pour lui porter secours. Elle m’a assuré qu’elle pouvait continuer, alors je suis reparti, un peu inquiet malgré tout. Ce n’est que quelques jours plus tard que j’ai appris qu’elle avait malheureusement chuté à nouveau. Elle a dû abandonner la course et passer deux jours à l’hôpital.

Qu’est-ce qui te plaît tant dans ce genre d’aventure ?

XA : C’est bien plus qu’un simple défi sportif. C’est une aventure humaine. Les paysages variés, les rencontres avec d’autres passionnés, les échanges qui commencent dès que le jour se lève : tout cela rend l’expérience unique.

J’aime me surpasser. Chaque montée, chaque difficulté renforce le mental. Par exemple, sur le Maïdo, j’ai beaucoup souffert, mais c’est aussi là que j’ai le plus appris sur moi-même. Et bien sûr, il y a toujours cet esprit de compétition qui me pousse à aller plus loin.

Dans quel état d’esprit es-tu maintenant, quelques semaines après la course ?

XA : Je suis fier d’avoir terminé, mais il y a aussi un petit vide maintenant que c’est fini. Cette aventure a rythmé ma vie pendant des mois, et il faut déjà penser au prochain défi. Je dois laisser mon corps récupérer avant de reprendre l’entraînement, mais je réfléchis déjà à de nouvelles courses : le UT3P en Normandie ou même la Diagonale des Fous en 2026.

Pour l’instant, je savoure le souvenir de cette expérience et les encouragements reçus de mes collègues, que ce soit à Rouen, Évreux ou lors de mon passage à l’agence de La Réunion après la course. Leur soutien m’a porté tout au long du parcours.”

Tu as rencontré les équipes de La Réunion, que peux-tu nous dire ?

XA : Mardi, après la course, j’ai eu la chance de visiter l’agence maritime de DB Schenker à La Réunion. Je m’attendais à une structure plus grande, mais j’ai reçu un accueil chaleureux et convivial des équipes. J’ai pris plaisir à leur raconter ma course, revivant avec eux certains moments marquants. C’était un moment simple, mais rempli de générosité, à l’image de l’hospitalité réunionnaise.

Comment se préparer à une telle aventure ?

Pour le savoir, découvrez notre article dédiée à la préparation de Xavier pour Le Travail de Bourbon 👇