Sur son bateau “This Race is Female” de l’équipe DB Schenker, la skippeuse Susann Beucke – ou Sanni comme elle préfère – a participé en août dernier à sa première Solitaire du Figaro. La veille du départ, nous sommes allés à sa rencontre à Nantes.
Depuis la cabine du bateau, la navigatrice allemande de 31 ans nous a parlé de son parcours, de ses ambitions et de sa relation avec son sponsor.
Rencontre !
C’est la première fois que vous participez à la Solitaire du Figaro, quel est votre sentiment avant le départ ?
Susann Beucke : Je suis un petit peu nerveuse mais très impatiente ! Depuis mes 20 ans, je suis navigatrice professionnelle. J’ai gagné une médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 en voile catégorie 49Fx mais cette course est ma première vraie grosse compétition en solitaire. C’est une course très rigoureuse, intense et exigeante. Je me suis bien préparée mais je sais que je vais me confronter à plusieurs défis. C’est le début de la concrétisation d’un rêve : le large en solitaire m’a toujours appelée. J’ai cette envie de connexion avec l’océan, la nature à l’état pur, le challenge, le dépassement de mes doutes et de mes peurs.
Quelle est votre ambition pour cette course ?
S.B. : Faire mon maximum et terminer la course. La plupart de mes concurrents sont de grands professionnels qui ont déjà participé 8 ou 9 fois à La Solitaire. C’est ma première édition, je suis une « bizut » comme ils disent ! Je viens faire mes armes. Je veux me tester.
Comment se prépare-t-on à une course comme la Solitaire du Figaro ?
S.B. : En février, je me suis installée à Lorient pour naviguer le plus possible dans l’Atlantique. Quand je suis arrivée il faisait froid, il y avait beaucoup de vent et de pluie, je ne parlais pas non plus la langue, et je ne connaissais pas mon bateau ! Il a fallu que je m’acclimate à tout ça. Juste avant l’événement, j’ai essayé de beaucoup dormir et de manger sainement. Je me suis assurée de tout avoir à bord du bateau comme le matériel de sécurité mais aussi beaucoup d’eau.
Une solitaire est une épreuve particulière : comment envisagez-vous l’idée d’être loin de vos proches ?
S.B. : Pour moi c’est très simple car mon compagnon est aussi athlète, il est golfeur professionnel. On aime nos sports, ce sont nos moteurs dans la vie. Nous avons l’habitude de la séparation. C’est un mode de vie.
Vous avez un soutien indéfectible de vos proches : la navigation est une affaire de famille ?
S.B. : J’ai grandi dans le nord de l’Allemagne, près de la mer Baltique. Dans ma famille, la navigation est une passion qui se transmet ! Mes grands-parents naviguaient sur de très grandes distances, et mes parents aussi. Ils se sont d’ailleurs rencontrés lors de régates. Ma soeur est également navigatrice. Mais je suis la seule à avoir poussé la passion à un niveau si « extrême » !
DB Schenker vous accompagne dans cette aventure en tant que sponsor, comment s’est nouée cette relation ?
S.B.: Je suis très reconnaissante de la confiance qu’ils m’accordent. J’ai commencé mes démarches en février 2022 avec rien dans les mains, juste un bateau loué pour un mois et l’espoir immense de pouvoir monter ma campagne. Les équipes de DB Schenker se sont retrouvées dans les valeurs que je souhaitais porter et tout a démarré très vite. Elles ont soutenu ma campagne depuis le début et nous avons un objectif commun : le Vendée Globe en 2026. C’est super de savoir que nous allons grandir ensemble dans cette aventure. Je me sens accompagnée et encouragée.
Le nom de votre campagne est « This Race is Female », quelles valeurs souhaitez-vous véhiculer ?
S.B. : J’ai choisi de porter ces valeurs de féminisme car le monde de la navigation est profondément masculin. Mais il n’y a pas de raison à cela car nous faisons les mêmes choses que les hommes : avec le même équipement, nous devons combattre les mêmes éléments, dans les mêmes compétitions. La navigation est un bon exemple pour montrer que les femmes ont les mêmes capacités que les hommes. En 2022, les femmes sont sous-représentées dans ce sport. Mon message est d’encourager les jeunes filles à aller vers la navigation. Le moteur, c’est la passion, qu’importe le genre. J’espère être en mesure de les inspirer et participer à faire changer les mentalités.
Très active sur les réseaux sociaux, n’hésitez pas à suivre Sanni sur Instagram pour ne rien rater de ses aventures !