Nous concluons la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées avec le témoignage de Christopher Severio, un collaborateur de l’agence de Narbonne personnellement concerné par la situation du handicap.
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Bonjour, je suis Christopher Severio, je suis Responsable Adjoint d’Exploitation à l’agence de Narbonne.
- Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Mon parcours est un peu atypique. Pour des raisons financières, j’ai arrêté médecine après 3 ans d’études et j’ai travaillé chez McDonald où je suis devenu manager. Suite à cette expérience, j’ai décidé de passer un BTS MUC. Par la suite, j’ai travaillé dans le secteur du commerce mais je travaillais beaucoup les weekends ce qui était compliqué à conjuguer avec ma vie personnelle. J’ai fait pas mal de missions en intérim et j’ai eu l’opportunité de passer mes permis poids lourds, super lourds et le CACES.
- Quel est votre handicap ?
Il y a quelques temps, à la suite d’un accident de moto, j’ai eu ce qu’on appelle une « triade » : ménisque touché, ligament croisé touché. C’était assez sérieux pourtant je n’ai fait que des séances de kiné puisqu’une opération n’était pas jugée utile à l’époque. Quand j’ai commencé à travailler chez Schenker en messagerie, j’ai beaucoup aggravé ma blessure au genou qui ne s’était pas arrangée avec le temps. A force de montrer et descendre du camion, et du hayon, j’ai aggravé mes lésions. Un jour en livrant un client, mon genou a lâché et je suis tombé. Je me suis fais opéré des ligaments croisés, pour le reste il n’y avait pas grand-chose à faire malheureusement. Aujourd’hui, je boîte toujours et j’ai une algodystrophie en phase chaude, avec des douleurs chroniques.
- Quelles ont été les conséquences de votre handicap sur votre vie professionnelle ?
C’est surtout au niveau personnel que ça s’est joué. Je me suis retrouvé très souvent à la maison suite à mon arrêt de travail, un peu isolé aussi. Ça a créé des conflits et je me suis séparé de ma compagne. On oublie souvent l’impact de ces situations sur la vie des gens, ça bouscule la stabilité. Concernant la vie professionnelle, forcément il y a eu rupture car j’ai directement été mis en arrêt de travail. Ça a été long, c’est dur aussi de perdre le rythme du travail. Par la suite, j’ai été reconnu travailleur handicapé et j’ai arrêté de faire les livraisons.
- Professionnellement, quel(s) changement avez-vous réalisé(s) suite à votre nouveau statut de travailleur handicapé ?
Par la suite je suis allé sur Narbonne pour me rapprocher d’un kiné plus sportif, pour essayer d’arranger ma situation et je me suis tourné vers mon ancien directeur afin de savoir si un poste était disponible. J’ai donc rencontré mon directeur actuel et celui-ci m’a proposé un poste de Responsable Départs, adapté à ma situation puisqu’il s’agit d’un poste de bureau. J’ai vite appris le métier sur le terrain, ça s’est très bien passé. Le Covid est arrivé, et mon prédécesseur qui était Responsable Adjoint d’Exploitation est parti auprès de sa famille. Je me suis donc retrouvé seul avec le Responsable de Camionnage. J’ai dû apprendre à gérer mes départs et aussi le poste de Responsable d’Exploitation pour assurer l’intérim on va dire. J’ai vraiment pris goût à ce poste et le hasard a fait que quelques mois après, le poste était vacant et j’ai saisi l’opportunité avec plaisir.
- Comment avez-vous été accompagné en interne ?
J’ai eu la chance d’avoir un Directeur d’Exploitation et un Directeur d’Agence qui m’ont vraiment accompagné, formé et donné des conseils. Ils ont été très présents pour moi. Je trouve que chez Schenker, il y a un côté humain et familial et c’est très important quand on vit ce genre de choses.
- Comment se passe votre quotidien à l’agence de Narbonne ?
C’est assez aléatoire, parfois je marche normalement mais parfois ma jambe me fait mal et c’est assez compliqué. Je sais que l’algodystrophie est une maladie aux effets fluctuants. Mon genou ressemble parfois à un pamplemousse. Je n’ai pas eu besoin d’aménagements particuliers, il faut jusque que je me ménage quand je sens que je suis dans un mauvais jour. Cependant, il m’arrive d’aller aider au chargement sur les quais. Au quotidien je fais en sorte que mon handicap s’oublie, toutefois quand je peux je limite mes déplacements. Le mental est important, j’ai trouvé la force intérieure de vivre « normalement », j’arrive à vivre avec.
- Est-ce que vous êtes le seul avec ce statut dans l’agence ?
Non. Actuellement à Narbonne, j’accueille un stagiaire qui est un ancien routier en reconversion. Il souffre d’un problème cardiaque et d’un autre à la jambe. Le stage a été organisé avec l’IRFA Sud. C’est un très bon profil, très motivé, il assimile vite les choses et est très demandeur. Il faut juste adapter les déplacements pour éviter les efforts trop importants.
C’est une bonne chose d’ouvrir nos portes à ces profils. Les compétences sont partout, ce n’est pas une question d’handicap.